L’empreinte de la baleine
THIERRY SECRETAN
Thierry Secretan est photographe, auteur et réalisateur. Il rejoint l’agence Gamma en 1979, collabore au lancement du mensuel Actuel puis réalise de nombreux films documentaires en Afrique. En 1997, il est rédacteur en chef de l’agence Sygma. En Afrique du Sud jusqu’en 2004, avec le soutien de Nelson Mandela, il organise la sauvegarde du fonds photographique Alfred-Martin Duggan-Cronin (1880-1954), consacré aux peuples d’Afrique australe. Auteur de cinq livres dont trois consacrés à l’Afrique, ses photographies et ses films ont été exposés et projetés en Amérique, en Asie, en Afrique, en Europe et en France, notamment par le Musée du Quai Branly, la MEP et les Rencontres d’Arles. A partir de 2005, il s’engage dans une recherche personnelle à bord de son voilier en Atlantique nord et sud, et, depuis 2020, dans le delta du Rhône, en Camargue.
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L’empreinte de la baleine
Depuis 2005, après trois décennies consacrées à documenter la vie du continent africain, j’ai fait voile de l’Atlantique nord à l’Atlantique sud, de l’archipel des Açores à celui de la Terre de Feu, jusqu’au Cap Horn. Je cherchais en haute mer ou à fleur de côte des paysages au dépouillement absolu.
C’est une recherche d’ordre sensoriel, d’une harmonie, d’un accord littéralement originel à se tenir seul devant un monde intact. Le cachalot, la baleine, sont omniprésents dans ces franges maritimes et les rares personnes qui les habitent sont des gens d’exception. Escalader une montagne, franchir un désert à pied ou un océan à la voile, donnent à ceux qui le font la mesure de notre univers.
En vue des Açores après une longue traversée, un cachalot apparut devant mon voilier. Il accoupla au ciel son immense nageoire caudale puis disparut en un clin d’œil, laissant à la surface un cercle parfait. Sans ce rond calme, presque huileux, qui s’élargissait lentement — les biologistes de marine parlent d’empreinte — j’aurais douté avoir bien vu. Secondes fugaces où le réel s’ordonne comme par magie et dont mon objectif cherche toujours à témoigner. Aujourd’hui, sac à terre en Camargue, je photographie la rencontre non moins fugace et magique du vent, du sel et de la mer dont les forces modifient en permanence le delta du puissant Rhône, là où se récolte le sel La Baleine.
 Thierry Secrétan a parcouru les océans, et il semble qu’il y ait découvert quelques secrets, à des moments précis et attendus avec patience. La série, L’empreinte de la baleine, avec sa belle photographie, pure et énigmatique, l’utilisation austère d’une image carrée en noir et blanc, ne nous en livre aucun, mais nous ouvre des routes jusqu’alors inconnues. |
