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Revue de presse juillet 2020

Au festival photo du Guilvinec, Gilles Coulon révèle la force poétique du bout du monde

Premier prix World Press Photo pour son travail sur les Peuls transhumant entre le Mali et la Mauritanie, Gilles Coulon, du collectif Tendance Floue, est en résidence au Guilvinec, dans le cadre du festival « L’homme et la mer ». Volubile, enjoué, passionné et passionnant, le photographe parle de sa découverte du Pays bigouden.

Le travail que vous exposez est l’aboutissement d’une résidence au Guilvinec, cet hiver et au printemps, racontez-nous.

Pour son dixième anniversaire, le festival photo du Guilvinec a créé une résidence, ce qui n’existait pas avant. Je suis venu quinze jours au mois de janvier, puis juste après le confinement. Je suis arrivé un soir d’hiver. Quand le ciel était noir. D’une façon un peu compulsive, j’ai photographié. Comme un inventaire. Le jour, la nuit. La pluie, le soleil. Le ciel et la mer.

Vous vivez où ?

Je me partage entre Paris et Sète.

Donc pas d’attaches particulières avec le Pays bigouden.

Aucune. C’est un endroit que je ne connaissais pas tellement. Et c’est plutôt intéressant pour mon travail. Le principe d’une résidence est d’apporter un regard neuf, de confronter un artiste à un univers qui lui est inconnu. Mais René-Claude Daniel et Michel Guirriec, du festival, m’ont ouvert toutes les portes.

Parce que ce n’est pas forcément évident de faire sa place, si vite, en plein hiver, au Guilvinec, j’imagine.

Il y a un temps d’adaptation. C’est un milieu assez rude mais, une fois qu’on a poussé la porte, c’est bon. J’ai démarré au Bar de l’Océan, car c’est toujours un bon point d’accroche, les bars. Ils permettent de sentir l’atmosphère du lieu. J’y ai rencontré un certain Willy, qui est mareyeur et m’a fait découvrir la criée. Même si, au final, il n’y a pas énormément d’humains dans mes images, tout s’est fait par les rencontres. Finalement, je trouve que mon travail parle pas mal de la vie ici.

Êtes-vous arrivé avec une image en tête ?

Je me suis complètement laissé aller. Je n’avais pas d’idée préconçue. Je n’ai pas de recette. Je peux travailler le noir et blanc comme la couleur, je change d’appareils, je n’ai pas de techniques spécifiques qui font que ça me rassurerait. J’arrive un peu sans filet à chaque fois. Au début je faisais des photos mais il n’y avait pas grand-chose qui me plaisait. J’étais assez dérouté. J’ai beaucoup travaillé par petites touches, comme on écrit un journal. Il y a quelque chose de très humble à vivre ici. Il y a un rythme à trouver. C’est une expérience qui m’a fasciné.

La mosaïque exposée dans la rue, les images de la tempête Brendan, vous les avez prises de votre fenêtre, n’est-ce pas ?

Je ne cherchais pas la très belle image de tempête comme on en a déjà vu, mais celle qui nous fait ressentir le quotidien : un sens interdit, une voiture dans le champ, la mer qui déborde sous les fenêtres. Je n’ai pas voulu faire de belles photos. Je ne cherchais pas l’image carte postale mais, au contraire, à m’en éloigner. Je voulais montrer l’humilité absolue face à l’océan. Là où chacun sait où est sa place.

Ne soyez pas modeste, les photos sont sublimes, vous ne pouvez pas nier apporter une attention particulière à l’esthétique

Je n’aime pas les photos trop brillantes, trop saturées. J’aime bien qu’on aille chercher l’image. Mais il faut qu’elle fonctionne graphiquement : c’est la base. Et ensuite que les couleurs et la densité viennent calibrer tout cela. Je passe beaucoup de temps en postproduction. On est très proche de ce que j’ai pris comme photo au début mais j’aime bien bosser le truc jusqu’au bout, pour qu’il n’y ait plus rien qui traîne. Je n’ai pas peur d’aller dans les noirs.

Il faut rendre hommage au labo qui a réalisé les tirages, justement, pour ces photos de mer tellement noires qu’on dirait un Soulages.

Tout à fait, ce labo de Poitiers a fait un travail formidable. Vous me touchez quand vous parlez de Soulages car c’est un artiste que j’adore. Je tenais à ce que, dans le rendu final, il y ait un mélange de Dos Bleus (affiches collées sur les murs), de Dibonds, c’est-à-dire d’imprimés sur des plaques en alu et aussi des photos encadrées avec des Caisses américaines. Autant de niveaux de lecture.

Le lieu aussi, prend son sens, il n’était pas, à la base, prévu pour ça et c’est la première fois qu’un photographe est exposé en intérieur, dans le cadre du festival du Guilvinec, n’est-ce pas ?

Oui. On était allés chercher des trucs dans le garage de René-Claude, je ne sais plus pourquoi. Il y avait un bordel monstre là-dedans, mais je m’y suis projeté. L’endroit est très bien situé. J’en ai parlé aux organisateurs du festival. Ils ont mis du placo partout et en ont fait une belle galerie. J’ai ensuite travaillé avec une scénographe pour mettre en valeur mon travail.

Vous avez beaucoup travaillé en Afrique, est-ce qu’on aborde le Pays bigouden comme le Mali quand on est photographe ?

Pas du tout. Quand je travaille en Afrique, les histoires sont décidées en amont. Je n’arrive pas de la même manière qu’ici. En Afrique, les gens n’aiment pas qu’on les photographie et des situations peuvent rapidement escalader et devenir dangereuses. De plus, j’aime travailler de nuit, il y a des atmosphères qui font que les gens ne sont pas les mêmes. Au Guilvinec, il y avait cette possibilité d’improvisation que j’ai beaucoup appréciée.

Le Télégramme 24 juillet 2020

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