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GUILLOU Ronan

La photographie d’expériences définit le sens que je donne à mes travaux. Expériences avec les humains et les lieux, la nature, les formes et les couleurs. La formule légitime une démarche que je souhaite libre, sensorielle, croisant errance de la pensée et étude documentaire. Aimanté par les espaces et l’iconographie de l’Amérique, intrigué par la fascination et le ressentiment qu’elle suscite depuis l’ère post-coloniale, je parcours ses terres et rencontre ses habitants depuis près de vingt années.

L’ensemble des séries réalisées aux États-Unis compose la fresque American narratives. Deux livres ont été publiés, Angel et Country Limit. Le courant des New Topographics inspire mes projets quand ils questionnent les équilibres entre civilisation et nature. Plus largement, l’odyssée américaine s’intéresse à la fragilité des êtres et à la déliquescence du monde matériel, aux passages du temps sur la jeune nation. Portée par la lenteur photographique du présent, elle se nourrit d’explorations et de temps partagé avec les personnages rencontrés, eux-mêmes partition de mon existence. J’aime aussi chercher la discrète surréalité qui réside dans l’ordinaire. Parmi mes travaux, deux projets explorent les États d’Alaska et d’Hawaï, peu représentés dans la tradition documentaire américaine. Récemment la bourse pour la photographie documentaire contemporaine du Cnap a soutenu Las Vegas Topographics, observation de l’état du désert aux limites de l’agglomération de Las Vegas.

Paradis

En 2016, j’arrive pour un premier séjour sur l’archipel d’Hawaï, dernier État américain à avoir rejoint l’Union, seul à être séparé du continent. En me rendant au far west de l’Amérique, je nourris la fresque visuelle nommée American narratives qui assemble mes récits menés aux États-Unis. Ancrées au milieu de l’océan Pacifique Nord, plus de cent-trente îles forment l’État d’Hawaï. La majesté des paysages, unie à l’Aloha spirit, a valu à l’archipel d’être baptisé Paradis. L’Aloha spirit fonde la vie insulaire. Il célèbre la vie et la nature, la famille et le lien entre les communautés.

Les Hawaïens chérissent leurs îles, sont soucieux de les préserver alors qu’elles font face aux enjeux environnementaux et culturels. J’y découvre le croisement des origines du peuple d’Hawaï, héritage des vagues migratoires venant d’abord d’Asie, puis d’Occident. J’observe aussi une autre Amérique, dépouillée des codes qui ont forgé sa tradition documentaire. Une Amérique nue et privée de ses repères familiers, invitant à penser qu’en s’effaçant ainsi, elle permet au Paradis d’exister.

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